sexta-feira, março 21, 2008

Um poeta francês


BARBARA

Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant


Oh Barbara
Quelle connerie la guerre


Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang


Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant


Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang


Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.


Jacques Prévert

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